La bataille des deux cerveaux



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Chapitre : La bataille des deux cerveaux


Il le sentait, cette bataille silencieuse, mais pourtant omniprésente, qui faisait rage à l’intérieur de lui. D’un côté, il y avait ce cerveau archaïque, celui qu’il surnommait « Frankenstein ». C’était un monstre de pensées négatives, un esprit primitif, forgé dans les instincts les plus rudimentaires de l’être humain. Il vivait dans la peur, la méfiance, et l’autodestruction. De l’autre côté, il y avait un autre cerveau, qu’il avait appris à appeler « Einstein ». Ce dernier représentait tout ce qui était rationnel, réfléchi, et plein de sagesse. Einstein ne réagissait pas sous la pression. Il observait, calculait, et ramenait l’ordre dans le chaos.


Frankenstein, lui, se nourrissait du chaos.


Chaque jour, la bataille se rejouait. Et aujourd’hui encore, il sentit la prise implacable de Frankenstein s’immiscer dans son esprit, profitant du moindre lapsus, du moindre moment de doute. Tout avait commencé avec un simple mot mal choisi : Mont des Oliviers. Alors qu’il racontait une histoire anodine à sa mère, parlant du Mont des Oiseaux, son esprit avait trébuché, et soudain, le Mont des Oliviers avait jailli de sa bouche. Ce n’était qu’un mot, une simple erreur, mais Frankenstein, ce cerveau insatiable, en avait profité pour en faire un festin.


Il ne tarda pas à ressurgir avec ses railleries : « Ha ha, le Mont des Oliviers, c’est là que des événements graves se sont produits. Ce n’est pas un endroit comme le Mont des Oiseaux. Ici, tout est sérieux, tout est lourd de sens. » Frankenstein riait intérieurement, écrasant sa victime sous une avalanche de pensées sombres. C’était sa spécialité, transformer une simple erreur en un gouffre de désespoir.


Il aurait pu se laisser emporter. C’était la tentation facile. Le cerveau Frankenstein, dans son monde archaïque, n’aimait rien de plus que se vautrer dans la boue des pensées toxiques.Une fois qu’il y mettait les pieds, il s’enfonçait de plus en plus profondément, rendant presque impossible tout espoir de s’en sortir.


Mais il avait un allié : le cerveau Einstein.


Einstein, avec son calme et sa logique, était toujours prêt à intervenir. Il n’hurlait pas comme Frankenstein. Il n’avait pas besoin de se faire remarquer par des cris de panique ou des insultes cinglantes. Non, Einstein agissait subtilement, doucement, comme une caresse apaisante sur une plaie brûlante. « Respire, » murmurait Einstein. « Rien de tout cela n’est réel. Ce n’est qu’une pensée, un mirage. Regarde autour de toi. Le monde ne s’effondre pas. Il n’y a aucun danger immédiat. »


À chaque pensée toxique, Einstein apportait une contre-vérité, une alternative rationnelle. « Ce n’est qu’un lapsus, rien de plus. Le Mont des Oiseaux est ce dont tu parlais, c’est tout. » Et c’est ainsi qu’à chaque fois que Frankenstein lançait ses coups, Einstein trouvait une manière de contre-attaquer avec finesse et intelligence.


Mais cela n’était pas facile. Frankenstein ne se laissait pas dominer aussi facilement. Son pouvoir venait du passé, de ces temps lointains où l’instinct de survie dominait tout. Là où la moindre ombre dans la forêt était perçue comme une menace Frankenstein réagissait toujours avec le même réflexe de peur : attaquer ou fuir. Et dans ce cas-ci, Frankenstein attaquait avec des pensées, des peurs, des images qui dévoraient son esprit.


Ce cerveau instinctif avait survécu à des millénaires d’évolution, et même aujourd’hui, dans ce monde moderne où les dangers étaient bien moins fréquents, il continuait à agir comme si le danger rôdait à chaque coin de rue.


C’est là qu’Einstein devenait essentiel. Il représentait l’évolution de la pensée, la capacité à se détacher des peurs primaires pour observer le monde avec raison. Là où Frankenstein criait et dévastait, Einstein analysait. Il offrait une perspective différente, une lucidité que seul un esprit éclairé pouvait apporter.


À chaque attaque de Frankenstein, il avait appris à mobiliser Einstein, à faire appel à la logique, à la respiration, et à la pleine conscience. Il avait compris que la clé résidait dans le fait de ramener son esprit dans le moment présent, là où le danger n'existait pas vraiment. Il s'ancrerait dans l’instant, observant son environnement, touchant des objets réels, sentant son souffle. Ce retour à la réalité coupait court à la spirale négative de Frankenstein.


Et lorsque les pensées revenaient malgré tout, il utilisait le recadrage des pensées. « Est-ce vraiment la vérité ? » se demandait-il à chaque pensée toxique. Et c’est ainsi qu’il dénouait peu à peu les fils du mensonge tissés par Frankenstein. Il ne s’agissait pas de nier la réalité, mais de comprendre que ces pensées n’étaient qu’une construction mentale, une vision déformée du cerveau archaïque.


Petit à petit, il apprenait à neutraliser Frankenstein, non pas en l’éliminant, mais en lui donnant une place contrôlée. Il acceptait que le cerveau archaïque soit là, qu'il fasse partie de lui, mais il ne le laissait plus prendre le contrôle. Il avait appris que la vraie puissance venait de la résilience mentale et de la capacité à diriger sa pensée vers des horizons plus lumineux.


Frankenstein pouvait bien crier, mais c'était désormais Einstein qui tenait fermement les renes


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